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Ca faisait longtemps que je n’avais pas écrit autour de ce sujet, car il est vrai que mon blog s’adresse à des sujets un peu plus futiles d’habitude ^^J’ai remarqué que depuis un long moment, on pensait qu’être “green” dans le monde du numérique, c’était simplement consommer un peu moins d’électricité dans les data centers. Un raccourci vraiment rapide.
Et puis, a multiplié les discours, affiché de belles intentions, et tout le tralala. Après plusieurs années de « Green It », il faut se rendre à l’évidence…Y’a pas eu la résolution dans les compagnies, les oreilles se sont lassées, et la transformation numérique est clairement restée à l’arrêt sur cet aspect. Dommage.
Cela dit, j’ai l’impression d’observer un changement de cap ! Et oui, contre toute attente, il ne vient pas forcément des écologistes, mais bien des stratèges dans les entreprises. Oui oui !
Car désormais, les mots qui font réagir ne sont plus écologie ou empreinte carbone, mais souveraineté, dépendance, résilience, géopolitique. Et ça : nul doute c’est un discours qui marche !
En effet, la peur n’est plus « verte » : elle est géostratégique (j’adore ce mot il me fait passer pour une personne super cultivée) !
Et paradoxalement, c’est peut-être ce sursaut-là qui va enfin pousser le numérique dans la bonne direction : celle de la sobriété, de la conception durable et de la maîtrise technologique. Enfin ! Yeah !
Contenu de l'article
Le Green IT, un concept à bout de souffle ?
Le terme “Green IT” a peut être fait son temps. On a tellement mis le mot « green » partout qu’il ne rime peut être plus à rien, vous ne trouvez pas ? À l’origine, ces mots incarnaient une ambition vraiment louable : rendre le numérique plus respectueux de l’environnement. Et j’y ai cru. Pas vous ? J’ai suivi des webinaires, des MOOC, des vidéos d’intervenants divers et variés pour me faire un socle solide et pouvoir comprendre l’étendue du problème.
Mais en pratique, on l’a souvent réduit à une vision super étroite : mesurer la consommation énergétique des serveurs, sans jamais regarder le reste de la chaîne. Et coup, perso, j’ai déchanté. Et je ne suis pas la seule. Les discours moralisateurs voire irréalistes pour certains nous ont fatigués.
Or, l’impact écologique du numérique ne se limite pas aux watts consommés. Loin de là !
Il commence dès l’extraction des minerais nécessaires à la fabrication de nos équipements, se poursuit avec leur transport, leur usage, et finit dans les décharges électroniques du bout du monde. Et ça, personne ne le mesure vraiment. Tout ce que j’ai vu jusqu’à présent m’a conduit au triste constat que les entreprises faisaient finalement de la parade (sans forcément toujours s’en rendre compte) pour se donner bonne conscience.
Derrière chaque cloud, il y a des montagnes de composants, des litres d’eau pour le refroidissement, des métaux rares qu’on extrait à grands coups de pelleteuse. J’en avais déjà parlé il y a quelques temps dans cet article : https://www.actubio.fr/soyez-un-ecolo-2-0-supprimez-vos-emails/
Il ne s’agit pas simplement de réduire la consommation d’un compteur électrique, mais de repenser tout le modèle. Même dans le développement d’une application, l’optimisation ne se limite pas au code : il faut réduire la base de données aux informations strictement nécessaires, supprimer les fonctionnalités superflues, garantir une compatibilité cross-plateforme, adopter un design épuré… On ne parle donc pas seulement des serveurs déjà en fonctionnement ici !
Un réveil venu d’ailleurs : la peur de la dépendance
Si les entreprises et les institutions s’intéressent soudain à la sobriété numérique, ce n’est pas uniquement pour sauver la planète. C’est tout simplement parce qu’elles prennent conscience de leur vulnérabilité. Surtout depuis le COVID.
Les crises récentes ont mis en lumière la fragilité de nos chaînes d’approvisionnement :
- pénurie de semi-conducteurs (la crise du COVID-19 a fait exploser la demande pour les équipements électroniques (ordinateurs, appareils ménagers, etc.), incitant les fabricants de semi-conducteurs à donner la priorité à ces secteurs par rapport à d’autres, comme l’automobile, qui depuis a du mal…)
- dépendance aux métaux critiques importés (l’Europe est clairement dépendante de la Chine, et les gisements s’épuisent avec la demande de plus en plus forte),
- domination technologique des GAFAM (Google et Microsoft – cherchez pas ils sont partout, et notamment devant l’écran que vous utilisez pour me lire !)
- incertitudes géopolitiques croissantes (Ukraine, Israël-Hamas) et les politiques étrangères associées qui en découlent
Difficile de parler d’indépendance numérique quand nos infrastructures reposent sur des technologies étrangères et des ressources qui viennent de l’autre bout du monde. Preuve en est : la dernière panne AWS en date qui a mis un gros KO même aux plus gros comme AirBnB ou encore SnapChat (https://www.lemonde.fr/pixels/article/2025/10/21/aws-le-service-cloud-d-amazon-annonce-avoir-resolu-la-panne-qui-a-touche-des-applications-dans-le-monde-entier_6648232_4408997.html)
Ce n’est donc plus la fibre écologique qui motive les entreprises, mais l’instinct de survie économique et stratégique.
Mais après tout, peu importe le moteur — tant que le véhicule va dans la bonne direction n’est ce pas ?!
Vers un numérique souverain : reprendre la main
Le mot “souveraineté” s’invite désormais dans les conversations technologiques. Et ce n’est pas anodin.
Reprendre la main sur nos infrastructures, nos données, nos outils, c’est retrouver une forme de liberté.
Quand 80 % des données européennes transitent par des serveurs américains, quand nos logiciels dépendent de licences étrangères, et quand chaque mise à jour d’un composant dépend d’un pays tiers, il y a de quoi s’interroger sur la pérennité de notre modèle numérique.
Un numérique souverain, c’est un numérique :
- hébergé localement,
- développé avec des technologies ouvertes,
- et fondé sur la durabilité plutôt que sur la course à la performance.
C’est aussi une question de résilience : en cas de crise mondiale, saurions-nous encore maintenir nos systèmes critiques sans aide extérieure ?
Sobriété, éco-conception, durabilité : les trois leviers du renouveau
Sortir du Green IT, ce n’est pas abandonner l’idée d’un numérique responsable. C’est la faire évoluer.
3 principes simples peuvent guider cette transition.
1. La sobriété numérique
Plutôt que d’ajouter toujours plus de fonctionnalités et de puissance, la sobriété propose de faire mieux avec moins.
Un site léger, un design épuré, un stockage optimisé : autant de gestes simples qui réduisent la consommation énergétique sans sacrifier l’efficacité. C’est aussi accepter que tous les usages numériques n’ont pas besoin d’être “cloudifiés”.
2. L’éco-conception
L’idée est d’intégrer la dimension environnementale dès la conception d’un produit ou d’un service.
Cela suppose de penser la durée de vie, la réparabilité, l’efficacité du code et l’optimisation du cycle de données.
Un logiciel bien conçu, c’est un logiciel qui dure — et qui consomme moins. Et si il arrive en fin de vie, il doit être décommissionné correctement, afin de ne plus consommer de ressources.
3. L’allongement de la durée de vie
On l’oublie souvent : fabriquer un appareil pollue bien plus que de l’utiliser ! C’est notamment l’exemple de la voiture électrique. Chaque smartphone, chaque ordinateur, chaque routeur représente des tonnes de CO₂ avant même sa première mise sous tension. Garder ses appareils plus longtemps, les réparer, les réutiliser, les rendre performants sur la durée : ce sont des actions concrètes, efficaces et à la portée de tous. Alors oui, si un produit dure plus longtemps, forcément on rachète moins. Mais du coup, la productivité peut aussi s’obtenir en vendant et en consommant mieux.
Le numérique responsable : une opportunité plus qu’une contrainte
On a longtemps présenté le numérique durable comme une contrainte : plus de règles, plus de lenteur, moins d’innovation, moins de design. Mais non ! La sobriété numérique, c’est le moteur d’une nouvelle forme d’efficacité et de performance !
Les entreprises qui intègrent ces principes découvrent qu’elles réduisent leurs coûts, qu’elles gagnent en autonomie et qu’elles valorisent leur image.
Les développeurs, de leur côté, redécouvrent la beauté du code optimisé, du minimalisme, du “juste nécessaire”.
Et les citoyens retrouvent un peu de cohérence dans un monde saturé de promesses numériques superficielles avec des fonctionnalités qui servent vraiment les utilisateurs (quelle découverte n’est ce pas !)
Le futur du numérique : libre, sobre et humain ?
Alors oui, le “Green IT” tel qu’on l’a connu est probablement un peu ‘has been ». Mais selon moi, il laisse la place à quelque chose de plus ambitieux : un numérique sobre, libre et souverain !
Un numérique qui ne dépend pas d’une poignée d’acteurs mondiaux, qui ne sacrifie pas les ressources naturelles à la course à la puissance, et qui redonne du sens à la technologie.
Ce mouvement ne se décrète pas, il se construit.
Pas seulement dans les grands groupes, mais aussi dans les collectivités locales, les PME, les associations et les citoyens.
Chaque choix compte : héberger localement, prolonger la vie du matériel, privilégier les logiciels libres, sensibiliser ses équipes…
Ce sont ces gestes, modestes mais répétés, qui façonnent la vraie transition numérique 🙂
Et vous, qu’en pensez vous ? N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire, j’y répond toujours et puis ça fait plaisir vous lire.
A bientôt sur Actubio !
Elise
